1380 : à son décès Charles V laissait à son fils, Charles VI, un royaume fortifié, débarrassé en quasi totalité de l'occupant anglais au prix d'un lourd effort fiscal. Paris avait échappé de ses anciennes limites et une nouvelle ligne de fortification avait été construite en Rive Droite.
Quarante années plus tard, en 1422 par le traité de Troyes, Charles VI déshéritait son fils le Dauphin au profit de son gendre Henry V de Lancastre. "Tantôt après notre trépas et dès lors en avant, la couronne et le royaume de France avec leur droits et appartenance demeurerons et seront perpétuellement à notre fils le roi Henri et à ses hoirs". Paris se dépeuplait et on ne comptait plus les maisons abandonnées.
Une horrible guerre civile avait embrasé la France relevant à peine de soixante dix années de guerre, de pillages de destructions et de violences, et avait fait litière à l'envahisseur. L'histoire donnera à cette guerre civile le nom de querelle des Armagnacs et des bourguignons. La France se partagea en deux factions. La faction des Armagnacs adopta la bande blanche et la croix droite ; la faction bourguignonne, la bande rouge et la croix de saint André, oblique. A l'origine de ce conflit : deux princes de sang royal dont les ambitions et les personnalités étaient opposées et concurrentes, Louis d'Orléans, frère du roi et Jean de Bourgogne.
Singulier destin que celui de la Bourgogne. Simple "appendice vineux de
la France" selon le peu regretté Himmler qui caressa le projet d'y
installer un état S.S., ou royaume tampon réduisant notre pays
un rang de petite puissance ; ce fut moins une province qu'un Idéal,
un dessein avorté après des siècles d'opiniâtre et
prometteuse gestation.
Né au Vème siècle avec l'installation entre Saône
et Rhône d'une peuplade venue de la Baltique, les Burgondes, au terme
de sanglantes pérégrinations chantées dans l'épopée
des Nibelungen, elle fut intégrée par les Mérovingiens,
successeurs de Clovis et de la Burgonde Chlotilde, ce royaume franc sans cesse
menacé d'éclatement au gré des successions.
Le dernier partage de l'empire Franc eut
lieu en 843 ; par le traité de Verdun, Louis le Germanique et Charles
le Chauve imposèrent à leur frère aîné Lothaire,
le partage de l'empire de leur grand père Charlemagne. A la mort de Lothaire,
son royaume s'étendant des Flandres à l'Italie, la "Lotharingie",
fut dépecée. Louis le Germanique se tailla la part du lion.
Dés lors se trouvait fixée la frontière entre la
France et l' Empire. Elle coupait le Regnum Burgondonium en deux tronçons
: l' ouest sous l'autorité du roi de France, le Duché de Bourgogne
; à l'est dans la mouvance du Saint Empire Romain Germanique, "la"
Comté de Bourgogne ou Franche-Comté.
Devenues quasiment indépendantes de fait, les deux Bourgognes réunies
dans une Même main auraient fait courir un risque mortel au royaume. Si
la réunification s'était effectuée sous la férule
d'un prince germanique, la France aurait perdu des territoires stratégiques
et serait devenue à court terme un satellite de l'Empire. Aussi, treize
années durant, Robert II le Pieux guerroya contre le Comte Othon Guillaume
pour l'empêcher d'hériter le fief de son père adoptif, le
Duc de Bourgogne.
Vainqueur, le roi dut cependant se dessaisir de sa conquête au profit
de son turbulent frère cadet. De judicieuses acquisitions territoriales
s'appuyant sur une habile politique matrimoniale accrurent la puissance et le
renom des capétiens de Bourgogne : ce n'est pas hasard si deux des plus
illustres ordres monastiques, Cluny et Cîteaux naquirent dans leurs provinces.
La réunification sous la houlette d'un prince français, fut -
il de sang royal, n'était guère plus avantageuse : quelle tentation
que d'élever la principauté en royaumec'est d'ailleurs ce que
voulut réaliser Charles le Téméraire.
Ce fut pourtant cette solution que se rallia en 1363 Jean II le Bon (c'est à
dire le Brave). Au décès de Philippe de Rouvres, le roi, principal
héritier, avait voulu faire don de son héritage àla Couronne.
C'était sans compter avec les États qui acceptaient de grand cur
d'écarter un autre héritier, le roi de Navarre, trop anglophile,
mais s'opposèrent l'annexion. Jean II se résolut à reporter
l'héritage sur son fils préféré, Philippe le Hardi,
qui l'avait si chevaleresquement aidé à Poitiers et lui fit obtenir
l'investiture de l'Empereur Charles IV pour la Comté .
Pour le plus grand malheur du royaume, le duché, simple apanage qui aurait
d faire retour au domaine royal au décès de Philippe, resta en
la possession des ducs de Bourgogne qui surent profiter de la faiblesse de leur
suzerain.
Lorsqu'en 1404 Philippe le Hardi mourut inopinément, à un moment
où les subtilités de sa politique avaient épuisé
ses ressources en numéraires, il laissa un gigantesque héritage
à son fils. Duc et Comte de Bourgogne, Philippe était devenu Comte
de Flandres, Artois, Nevers et Rethel à la mort de son beau père.
En 1403 il avait mis la main sur le Brabant au profit de son fils cadet Antoine.
Dans les deux cas l'intervention de l'ost française avait été
nécessaire pour écraser une révolte communale d'abord,
pour effrayer un compétiteur, Wenceslas de Luxembourg, ensuite.
Il est vrai que le malheureux Charles VI pouvait difficilement désobliger
le plus puissant de ses oncles qui gouvernèrent le royaume durant
sa minorité. Philippe le Hardi arrangea d'ailleurs le mariage d'Isabeau
de Bavière avec Charles VI afin de tenter un rapprochement de la France
avec l'Empereur allemand. Et s'il remercia ses tuteurs en 1388 et tenta de régner
aidé de son frère Louis d'Orléans, la folie récurrente
qui s'empara de lui en 1392 dans la forêt mancelle laissa le champ libre
à toutes les convoitises.
Le nouveau duc de Bourgogne se voulait " Sans Peur ", surnom gagné à la bataille de Nicopolis, durant la désastreuse croisade de Morée, qui vit l'écrasement des troupes chrétiennes par les janissaires du sultan Bajazet. Il avouait " j'ai grand désir de moy avancer " et s'opposa immédiatement au duc d'Orléans.
Certains affectèrent de croire que de nobles motifs expliquaient cette querelle. Louis d'Orléans " qui hennissait comme un étalon après presque toutes les belles femmes " aurait voulu séduire ou pis "esforcier" la duchesse Marguerite de Bourgogne. L'anecdote est controuvée : le motif réel de cette inimitié était la convoitise.
Tandis que Louis d'Orléans, tirant du Trésor royal les neuf
dixièmes de ses revenus, achetait terres et places fortes dans les marches
orientales du royaume que les Bourguignons considéraient comme une chasse
gardée, Jean Sans Peur qui n'avait pas le prestige de feu son père
voyait se tarir les largesses royales. Le père recevait cent deux cent
mille livres par an, le fils dut se contenter de trente sept mille.
Le Duc d'Orléans, gendre de Jean Galéas Visconti et titulaire
de fiefs plus ou moins hypothétiques dans la péninsule, voulait
faire intervenir Charles VI militairement en sa faveur. De plus il semblait
vouloir faire rompre la trêve franco anglaise allant jusqu'à provoquer
Henri IV de Lancastre en duel ; ce que Jean Sans Peur ne pouvait admettre, car
les industriels flamands dépendaient totalement des importations de laine
d'outre Manche et auraient été ruinés par un embargo.
La querelle respecta tout d'abord les formes courtoises : Jean Sans Peur adopta
l'ortie comme emblème, Louis d'Orléans le bâton noueux.
Incontinent, le Duc de Bourgogne prit le rabot pour insigne et distribua des
"rabotures", des copeaux d'argent, à ses partisans .
Mais, comme une réorganisation du Conseil qui palliait la carence du
Roi allait éliminer toutes ses créatures, le Bourguignon que les
scrupules n'embarrassaient guère trancha brutalement : le 23 novembre
1047, après une visite à Isabeau de Bavière relevant de
couches, le Duc d'Orléans fut massacré.
A la veille d'être démasqué par le Prévôt de Tignonville le duc avoua son forfait aux oncles du roi et quitta Paris pour laisser retomber l'indignation qu'un tel crime ne pouvait manquer de faire naître. Cependant, quatre mois plus tard, en mars 1408, Jean Sans Peur revint en son hôtel parisien d'Artois sous les acclamations de la foule qui hurlait "Noël" et le "bâton est plané" , allusion aux armes d'Orléans. Enfin des "lettres royaux de rémission" furent accordées par Charles VI, après la lecture en Cour d'un vibrant "Eloge du Tyrannicide" uvre de l'universitaire parisien Jean Petit : il est licite de tuer un tyran, Orléans était un tyran, donc il était licite de tuer Orléans ...
Le lent travail de sape mené par les agents ducaux auprès du peuple
parisien, de l'Université et de la Cour avait porté ses fruits.
Jean Sans Peur devint Maître de Paris et du Royaume, en l'absence d'une
réelle opposition, de toute la France.
Il importait de flatter le petit peuple au point le plus sensible: la haine
de l'impôt qui l'avait fait se révolter en 1380. Des provocateurs
avaient laissé courir des rumeurs: "le duc de Bourgogne avait grand
pitié et compassion pour les sujets du Roi" ... Au contraire, "le
Duc d'Orléans resterait toujours l'auteur et le défenseur le plus
implacable de toutes les taxes nouvelles". D'infâmes libelles circulèrent,
salissant la mémoire d'Orléans qui avait tenté de tuer
le Roi (au bal des Ardents), était
l'amant de la Reine, et se livrait à la sorcellerie.
L'université de Paris avait aussi se plaindre du frère du Roi.
Elle se croyait, se voulait toujours parée d'un indiscutable prestige
dans toute la chrétienté. En fait de nombreuses universités
s'ouvrirent cependant au XVème siècle tant à l'étranger
que dans le royaume (Aix, Dole, Poitiers, Bordeaux, Mantes
...). Et Pétrarque qualifia l'Université
de Paris "d'engeance si fastidieusement négligente et si inutilement
curieuse." Elle se posait en championne du réformisme. "Ladite
Université avait grande puissance pour ce temps à Paris, tellement
que quand [ses maîtres] mettaient la main en une besogne, il fallait qu'ilz
en vinssent à bout, et se voulaient mesler du gouvernement du Pape, et
du Roy et de toutes autres choses".
Les prédicateurs en chaire, les affiches, les libelles rédigés
par les universitaires et envoyées aux bonnes villes réclamaient
la réduction des dépenses de l' Etat et la révocation des
officiers malversateurs, cumulant les charges, pratiquant le népotisme
et détournant tout ou partie des sommes perçues auprès
des contribuables.
Certes, les partisans de Jean Sans Peur se rendaient coupables des mêmes
errements, mais les universitaires affectaient de ne critiquer que les abus
des créatures orléanaises.
Le duc était leurs yeux auréolé d'un double prestige. Il
s'était couvert de gloire en combattant pour la chrétienté
et, en opposition au duc d'Orléans, il avait toujours soutenu les propositions
des maîtres parisiens pour clore le douloureux Grand schisme: la soustraction
du royaume à l'obédience de Benoît XIII.
Une dernière raison poussait certains intellectuels à embrasser
le parti du Bourguignon : celui-ci ne ménageait ni son or ni ses excellents
crus de Beaune et engageait volontiers de jeunes bacheliers dans son administration.
Un certain Cauchon, chanoine de trente ans, entra dans son conseil en 1409.
Les bouchers de la Porte et leurs collègues de la Montagne Sainte-Geneviève
bénéficièrent eux-aussi des largesses ducales. C'est ainsi
que l'Ecorcheur Denisot de Chaumont reçut de Jean sans Peur une forte
somme à Bruges en1411 " à bailler à certaines personnes
secrètes que le dit seigneur ne. veult être autrement déclairées
". Précédemment, Denisot et un autre écorcheur, Simon
le Coustellier dit"Caboche" (fils d'une tripière du parvis
de Notre-Dame et d'un écorcheur de la Grande Boucherie), Thomas le Gois
et ses fils bouchers Sainte-Geneviève, les Saint Yon et le Maître
reçurent qui une, qui deux queues de vin). Nous ferions injure
à ces artisans que de leur prêter des motivations bassement vénales.
Ces cadeaux sont moins des " pots de vin " que des marques d'estime
d'autant plus précieuses qu'elles venaient d'un Prince de Sang. Ainsi
le Duc sans Peur qui n'hésitera pas faire exécuter un de ses affidés
qui lui avait touché la main, le bourreau Capeluche, passait du baume
sur la plaie ouverte : le besoin de respectabilité de ces artisans. Si
les Thibert, Saint Yon ou les Gois ne se souillaient plus les mains au contact
du sang, laissant cette vile tâche à une foule de mercenaires,
tueurs, écorcheurs, valets, leur réputation n'en était
pas moins entachée. Les grands bourgeois, les notables de la marchandise
ne pouvaient se résoudre à considérer les bouchers comme
tant des leurs.
Ainsi rejet dans un ghetto, si doré fut-il, contraints à l'endogamie
(encore que cette coutume préservât l'intégrité du
patrimoine), les Maîtres de l'Apport en vinrent penser que leur promotion
ne pouvait se faire que par la violence.
De 1410, date des premières escarmouches opposant les partisans de Jean
Sans Peur aux Armagnacs, jusqu'en 1413, les bouchers et leurs clients restèrent
fidèles au Bourguignon. Lui furent-ils d'un grand secours ? Il est permis
d'en douter. Le Duc de Bourgogne ne se faisait guère d'illusion et n'hésita
pas faire appel des mercenaires anglais pour reprendre Saint-Cloud et Saint-Denis,
indispensable verrous de la capitale, aux Orléanais : "Amena en
sa compaignie bien de VII à VIIIm Englois avec ses gens" .
Ce n'était pas une trahison car la paix régnait entre France et
Angleterre mais le contingent du comte d'Arundel fut très mal supporté
par les parisiens. Un boucher tua un des archers disant "qu'ils avaient
pris complot de tuer tous les bouchers de Paris" et les Anglais quittèrent
rapidement la capitale.
Militairement les "Cabochiens", puisque l'histoire leur donnera le
nom de leur meneur "l'ignoble écorcheur de bêtes Caboche",
ne représentaient qu'une force d'appoint. Dévoués, courageux
certes, mais sans réelle valeur : opposés à des professionnels
de la guerre, ils furent taillés en pièces.
Ainsi, en 1411 le fils ainé de Thomas le Gois tomba dans une embuscade
en Beauce. Le cadavre, ramené à Paris, fut exploité de
main de maître, par les bouchers qui purent se prévaloir d'un martyr,
et par Jean Sans Peur qui fit assaut de nobles sentiments aux funérailles
du vilain." Et fut fort plainte la mort du Gois car il estait gracieux
et vaillant homme et fut apport Paris et enterré Sainte-Geneviève.
Et lui fit on moult honorables obsèques. Et y fut présent le Duc
de Bourgogne avec foison de peuple : aucun disaient que s'est tout bien fait
et que le Duc de Bourgongne monstroit, bien qu'on le devait servir puisqu'il
monstroit amour à ceux qui tenait son parti" .
Mais l'auteur de ces lignes, Jean "Juvenal" des Ursins, fils du restaurateur
des libertés parisiennes confisquées en 1380, et partisan de la
voie de la sagesse ne s'abusait guère sur le compte du boucher : "les
autres s'en mocquoient veu qu' on avait oncques veu en luy vaillance ne qu'
il fit oncques choses dont il leu deust tant honorer ; et que le feu qu'il avait
bouté a Vicestre estoit un deshonnéte fait". Bicètre
: un château appartenant au Duc de Berry . Les Gois en 1411 "levèrent
une grande compagnée de peuple qui issirent par la porte Saint-Jacques
et allèrent à Vicestre, une moult belle maison richement et notablement
édifiée et peinte qui estoit au Duc de Berry. Et y boutèrent
le feu, et fut arse si bien qu'il n'en demeura que les parois"
En réalité les Cabochiens nous semblent avoir été
plus à l'aise dans les pillages ou les batailles de rue. Regroupés
au sein de la milice réorganisée sous le commandement de dizainiers
et de quarteniers, les factieux quadrillaient la ville de jour comme de nuit,
perquisitionnaient et capturaient les suspects. Ils gardaient les ponts et les
rares portes qui n' avaient pas été murées ; l'on craignait
moins l'assaut brutal que leur ouverture subreptice.
Ils tinrent aussi le rôle d'exécuteurs de basses uvres, aidé
dans cette tâche par des affidés de Jean Sans Peur : un certain
nombre d'opposants fut discrètement jeté en un sac en Seine. La
population parisienne, chauffée à blanc par des prédications
incendiaires ou par les discours des Gois qui montrèrent en l'espèce
un réel talent de tribuns et de meneurs, participait la chasse aux suspects.
Les prêtres affectèrent d'appliquer aux Armagnacs une bulle d'excommunication
lancée par le Pape contre les Ecorcheurs des Grandes Compagnies.
"On cria parmy Paria qu'on abandonnoit les Armignacs et qu'on povoit les
tuer, si les tuast et prinst leurs biens". Dès lors "suffisoit
pour tuer un notable bourgeois et le piller et desrober de dire et crier par
quelque personne en haine : voila un Armagnac" .
Jean Sans Peur pouvait sans crainte quitter Paris pour combattre ses ennemis
et revenir y prendre ses quartiers d' hiver : "les seize cents deux mille
bons compagnons armés de haubergeon jacques salades ou bacinets et gantelets
et les aucuns garnis de harnois de jambe et de bonnes haches ou autres
bâtons" faisaient régner l'ordre bourguignon dans la capitale.
Durant ses rares moments de lucidité Charles VI était facile à
circonvenir, entouré qu' il était de partisans de Jean Sans Peur.
En 1411 on lui arracha la promulgation d'une ordonnance interdisant de réunir
des troupes à ses vassaux.
Seuls les partisans de Charles d'Orléans et de son beau père le
Comte d'Armagnac étaient visés puisque le Duc de Bourgogne était
le représentant du pouvoir royal. Les courtisans avaient assuré
au Roi que les Armagnacs étaient seuls responsables des troubles : le
Duc Charles avait envoyé le premier un cartel de défi au meurtrier
de son père.
C'était oublier un peu vite que le Bourguignon s'était préparé
de longue date à la guerre et avait fait montre de satisfaction en recevant
le cartel: "Avons trés grande liesse au cuer des dictes deffiances,
mais du surplus contenu en icelles, toy et tes dits fréres avez menty
et mentez faussement mauvaisement et déloyaument comme trahisseurs que
vous estes . . . "
Un réel besoin de paix se faisait pourtant sentir car les opérations
affaiblissaient tout autant les adversaires.
Paris, comme l'indiquait l'auteur du " Journal d'un Bourgeois de Paris
", souffrait d'un manque chronique de ravitaillement. Aussi une paix fut
signée en août à Auxerre . Ce ne devait être qu'une
" paix fourrée " selon le bon mot du fou de Jean Sans Peur.
"Fou qu'on disait estre fol sage lequel tantost alla acheter une paix d'
Eglise et la fit fourrer et disoit que s'estoit une paix fourée".
Et, tandis que Charles d'Orléans se hâtait de liquider son
alliance piteuse avec le Duc de Clarence en promettant une forte rançon
dont il n'avait pas le premier sou et donnant son frère en otage, les
Etats Généraux de Langue d'Oïl furent convoqués à
l'initiative de Jean Sans Peur.
Ces états n'eurent de généraux que le nom : les princes
hostiles au Duc de Bourgogne se firent prudemment représenter par crainte
d'un attentat. De nombreuses provinces restèrent dans l'expectative et
n'envoyèrent pas de délégués de sorte que la suprématie
de la Ville de Paris et de l'Université fut écrasante. Devons-nous
croire que Jean Sans Peur souhaitait sincèrement la réforme d'un
appareil d'état tout entier en son pouvoir ? II espérait surtout
faire voter, tout en se piquant de démocratie, la levée de subsides
destinés à une guerre qui menaçait, les Anglais
se montraient entreprenants en Aquitaine.
Mais en l'occurrence le renard fut pris à son piège car les députés
refusèrent toute nouvelle imposition. La province de Rouen qui avait
pâtie du passage des soudards de Clarence - ils osèrent scier les
pommiers normands- réclamait avec insistance de ne plus être "oubliée"
à l'avenir dans les trêves avec l'Anglais. Toutes les autres députations
réclamèrent les réformes promises.
Le Roi retombé en enfance, le Dauphin dut accepter la constitution d'
une commission de réforme. En attendant les conclusions de ses membres,
tous les officiers royaux furent suspendus quelle que fut leur appartenance
politique.
Ce fut la première fêlure dans le bloc des partisans de Jean
Sans Peur mais le pire était encore à venir : le 27 avril 1413
les bouchers déclenchèrent une révolte dans la capitale.
Depuis quelques temps des rumeurs couraient dans Paris, au hasard des réunions de la milice, dans les conversations de taverne ou les prônes dominicaux. Les Parisiens savaient que les Armagnacs se préparaient à reprendre l'offensive. On leur prêta le dessein de raser Paris et de vouloir la mort de Jean Sans Peur. La population était scandalisée par la reprise des aliénations du domaine royal en dépit des doléances des Etats et de l' Université au profit d'un prince étranger, Jean de Bavière, frère de la Reine Isabeau. L'attitude de cette dernière prêtait le flanc à toutes les calomnies. Les parisiens blâmaient aussi les murs du Dauphin sans remettre en cause, cependant, ses droits à la succession de Charles VI, ce roi si pitoyable et si aimé de ses sujets. Ils lui reprochaient ses débauches "nocturnas et indecentes vigilias" qui minaient une santé fragile. Ce Dauphin mourra d'ailleurs en 1415, son cadet Touraine en 1417 laissant reposer la charge d'héritier des Lis sur les épaules guère moins fragiles du Dauphin de Viennois, futur Charles VII.
Les partisans de Bourgogne remarquèrent aussi que le jeune homme voulait
s'émanciper et prétendait qu " il avait sens assez et aage
compétent pour prendre et avoir le gouvernement du royaume et que faire
le devait actendu la nécessité du Roy son père". Les
soupçons devinrent des certitudes lorsque le Dauphin appela auprès
de lui Pierre des Essarts, ancienne créature de Jean Sans Peur qui avait
tourné casaque et en savait très long sur les agissements de son
précédent maître. Toutes ces rumeurs échauffèrent
les esprits ; il serait vain de déterminer si elles étaient spontanées
ou procédaient d'un plan concerté visant à rétablir
l'emprise du Duc de Bourgogne sur la famille royale.
Le 27 avril les bouchers en arme réclamèrent au Prévôt
des Marchands, à l'Hôtel de Ville, l'autorisation d'armer les Parisiens.
Le 28 en dépit de l'opposition d'hommes sensés qui craignaient
la réédition des troubles de 1380, le siége était
mis à la Bastille où des Essarts s'était retranché.
Le Duc de Bourgogne survint à propos pour négocier la reddition
de la forteresse. Mais pendant les pourparlers, les émeutiers, où
se mêlaient les artisans et leurs satellites des chômeurs et la
lie parisienne, se rendirent à l'hôtel royal sans reculer devant
le crime de lèse majesté.
A la tête des révoltés l'on trouvait des aventuriers tel
Elyon de Jacqueville, des universitaires comme Pierre Cauchon ou des bourgeois
comme Jean de Troyes, chirurgien et concierge du Palais et les plus enragés
des bouchers : les Gois, le Maître Chef [un Saint-Yon], Caboche et Denisot
de Chaumont.
Les Cabochiens arrêtèrent trente familiers du Dauphin qui ne
put s'empécher de tançer Jean Sans Peur accouru en hâte
"Beau père ceste esmeute m'est faicte par vostre conseil et ne vous
en povez excuser car les gens de vostre hostel sont parmi les principaulx".
Le Duc voulut se justifier et se porta garant de la sécurité
des prisonniers qu'il conduisit en son hôtel. Mais son rôle dans
l'émeute n'était pas des plus clairs : s'il désapprouva
hautement les violences qui atteignaient des membres de sa caste, il n'en continua
pas moins à verser des subsides à certains meneurs et, oublieux
de sa parole, fit transférer ses otages dans les geôles parisiennes.
En réalité le duc n'était plus assuré de la fidélité
de ses bouchers grisés par le goût du pouvoir. Lorsque le 22 mai
les troubles reprirent, il ne put se faire obéir de la populace parisienne
qui envahit l'hôtel royal la veille du mariage de Jean de Bavière:
"fut la ville de rechef armée, et allérent en l"hostel
de Saint-Paul où le frère de la Royne estait, et là le
prindrent, voulsit ou non, et rompirent l'uys de la chambre o il estoit et prindrent
avecques lui treize ou quatorze dames..."
A dater de cet événement, les cabochiens ne mirent plus aucun
frein leurs débordements. L'Université cessa de les soutenir et
comme le 11 mai vingt bourgeois furent jetés en prison pour avoir refusé
de s'armer, un tiers parti regroupant des hommes de bonne volonté se
forma.
Tandis que les crimes et les exécutions se multipliaient dans la capitale,
les bourgeois et des universitaires tentèrent d'entrer en relation avec
les assiégeants Armagnacs. La chose était d'autant plus difficile
que Paris était isolé du reste du royaume : les portes étaient
murées ou fortement gardées et les cabochiens tenaient les ponts
sur la Seine : Denisot de Chaumont gardait le pont de Saint-Cloud et Caboche
celui de Charenton. Jean Jouvenel proposa au Duc de Bourgogne de se séparer
des bouchers mais celui-ci refusa, espérant peut-être reprendre
en mains ses alliés de la veille.
La promulgation de l'ordonnance promise aux Etats et qui passera à la postérité sous l'injurieux épithète de " cabochienne " ne calma pas les esprits : ce n'était qu'une sage refonte d'anciens textes mais les temps n'étaient plus à la réforme. Caboche et les siens avaient pris goût au pouvoir ; juin fut le summum de la "dictature du tranchelard".
Pierre des Essarts fut exécuté le 1er juillet après un simulacre de procès. Des otages périrent sous la hache du bourreau. Jacques de la Rivière eut le douteux privilège d'être décapité et pendu post mortem : on affecta de croire qu'il s'était suicidé en se frappant le crâne avec un pot d'étain dans sa prison ! Les parisiens murmuraient que la hache du capitaine de Paris, Elyon de Jacqueville était la vraie responsable du trépas. L'on pouvait tout craindre de cet forcené qui n'avait pas hésité à pénétrer une nuit dans la chambre du Dauphin pour lui reprocher d'écouter des ménestrels au lieu de dormir. Le Dauphin exaspéré donna trois coups de couteau à Jacqueville qui dissimulait une cuirasse sous sa robe. Le duc de Bourgogne s'interposa pour éviter le pire, mais l'héritier du trône, brisé par les émotions jeta le sang par la bouche trois jours durant
Pour aider à la mise sur pied d'une armée destinée à combattre l'Anglais, ce qui était tout à leur honneur, les Cabochiens taxèrent lourdement les bourgeois et les ecclésiastiques, logeant des soldats chez les réfractaires ou jetant ces derniers en prison. Mais le recours systématique à la violence n'était plus du goût des Parisiens qui, après le mauvais parti fait à Jouvenel ou au recteur Gerson, contraint de se réfugier dans les voûtes de Notre-Dame, purent tous se sentir visés. De plus, comme le sort des armes avait été défavorable au Duc de Bourgogne, Paris était désormais encerclé par les Armagnacs. Il était indispensable de se désolidariser des furieux pour ne pas disparaître avec eux dans la répression. Le Roi, redevenu lucide, et le Dauphin favorisèrent ce retournement de situation : ils prirent officiellement contact avec les assiégeants et signèrent le 28 juillet 1413 la paix de Pontoise.
Le bouchers qui avaient tout à perdre au retour à l'ordre tentèrent
de soulever les parisiens. Mais le 2 août, alors qu'ils menaçaient
durant une réunion l'Hôtel de ville "il y a des gens qui ont
trop de sang et qui ont besoin qu'on leur en tire avec l'épée"
le huchier-charpentier Cirasse leur rétorqua qu' "il y avait autant
de frappeurs de coignées que de assommeurs de boeufs et de vaches".
Et le 4, lorsque les bouchers voulurent entraîner la foule refuser la
trêve, quelqu'un cria "qui veut la paix se range du côté
droit". La portion gauche de la Place de Grève se vida, à
l'exception de quelques bouchers et écorcheurs. Ainsi désavoués,
les Cabochiens qui avaient songé à se retrancher dans l'Hôtel
de Ville pour défendre chèrement leur vie en un " baroud
d'honneur " s'éclipsèrent discrètement sur les conseils
de Jean Sans Peur. La chose leur fut d'autant plus aisée que Jouvenel,
jugeant venu le temps de la réconciliation et craignant un bain de sang,
refusa de fermer les portes de la ville : "s'en allast qui voudrait et
qui voudrait demeurer demeurast".
L'exil n'était qu'un moindre mal car après quelques jours qui
avaient laissé espérer la fin des troubles, les Armagnacs, n'ayant
rien oublié et rien appris, se rendirent odieux par leurs exactions.
Les artisans de la paix de Pontoise furent
impuissants à limiter cette réaction.
Deux bouchers trop compromis, les Caille, furent décapités. Les
fonctionnaires investis dans leurs offices pendant les émeutes furent
remerciés. Des serviteurs de Jean Sans Peur furent jetés en prison,
quelle qu'eut été leur attitude pendant la "Révolution
cabochienne". Le Duc de Bourgogne lui-même n'était plus en
sécurité dans son hôtel : des hommes d'arme rôdaient
plus ou moins ouvertement autour de lui et, en Cour, des seigneurs réclamaient
des sanctions son encontre.
Aussi le 22 août, à l'occasion d'une chasse à Vincennes , Jean Sans Peur quitta la capitale et gagna ses états. Il avait convié le Roi à cette chasse, sans aucun doute pour l'enlever mais Jouvenel à la tête d'un parti décidé rejoignit les deux hommes et ramena Charles VI à Paris : " Venez vous en en vostre ville de Paris. Le temps est bien chaud pour vous tenir sur les champs"...
Le bourguignon retrouva nombre de proscrits qui entreront à son service.
Ainsi se trouvait clos l'épisode de la "Révolution Cabochienne"
qui vit se regrouper sous la bannière orné de la Croix de Saint-André
des universitaires "réformistes" c'est-à -dire attachés
à un retour aux bonnes et anciennes lois, et des "mécaniques",
des artisans. Dans une lettre de 1415
destinée à être lue dans les églises et criée
aux carrefours, Charles VI voulant "la vraye vérité des choses
[...] estre scue et notiffièe à un chascun pour eschiver toutes
erreurs" donna une brève relation de la Révolution Cabochienne.
Parmi les bannis, on relève les noms de Caboche, Chaumont, Jacqueville,
Garnier de St-Yon, des Gois, de Cauchon et de Jean de Troyes, ainsi que de petites
gens, sans doute des "clients" des seigneurs de la Porte : Baivart
un "pasticier", Boieve un poissonnier et Jean de Rouen, fils d'une
tripière du parvis Notre-Dame...
La guerre civile ne cessa pas pour autant : plusieurs complots hostiles aux Armagnacs furent découverts et réprimés durant les cinq années que passa Paris sous la lourde main du connétable Bernard VII ; les proscriptions ne furent pas levées. Le 13 mai 1416, prenant prétexte de la découverte d'un complot Bernard VII d'Armagnac, obtint sans difficulté du roi fou la promulgation d'une ordonnance abolissant une nouvelle fois la Communauté et rasant la halle du Châtelet.
Appelé en 1414 par le Dauphin qui ne supportait pas plus la tutelle Armagnaque
que celle des Bourguignons, Jean Sans Peur ne put que constater que les Parisiens
lui refusaient l'entrée de leur ville. Il n'hésita pas alors s'allier
au Roi d'Angleterre, Henry V de Lancastre, l'assurant de sa bienveillante neutralité
en cas de conflit entre les deux royaumes. Le 25 octobre 1415 l'armée
de Charles VI, composée en majorité de troupes armagnaques, rencontra
la petite armée anglaise "en un lieu nomme Agincourt [
] et
estoient les Françoys plus la moitié que Angloys et si furent
Francoys desconfys et tuez et prins des plus grans de France". Le parti
Armagnac perdit ses meilleurs hommes tués dans la bataille ou égorgés
sur ordre de Henry V qui craignit une contre offensive. Charles
d'Orléans était au nombre des prisonniers emmenés en
Angleterre. Deux frères de Jean Sans Peur restèrent sur le terrain.
Pourtant le Duc, dont on avait par peur d'une trahison refusé les offres
de service, avait interdit à ses vassaux de combattre dans l'armée
royale.
Trois ans plus tard, tandis qu'Henry V s'emparait de la Normandie et paralysait
le trafic fluvial en aval de Paris, Jean Sans Peur recueillit les fruits de
sa trahison. Le 29 mai 1418, un homme de garde à la Porte Saint-Germain
des Prés laissa rentrer les troupes du sire de l'lsle-Adam. Les Armagnacs,
saisis dans leurs lits, se laissèrent massacrer ou jeter en prison. Le
bourreau Capeluche emporta les cadavres hors de Paris pour les enfouir dans
les champs, en terre non consacrée.
Le 12 juin une rumeur parcourut la ville, faisant état de l'approche
d' une armée armagnaque. Le peuple se réunit aux Halles et en
Grève puis se porta aux prisons pour égorger les captifs. Au Châtelet
on enfuma les prisonniers qui s'étaient barricadés et on les reçut
sur des piques lorsqu'ils voulurent fuir par les fenêtres. Les massacreurs
se livrèrent à un carnaval sanglant, mutilant les cadavres, égorgeant
des innocents, pillant des maisons bourgeoises.
Les bouchers, rudement secoués par l'abolition de leur métier n'étaient plus au nombre des meneurs. Caboche et Denisot, dont on perd la trace en Juillet 1414, date à laquelle ils étaient défrayés par Jean sans Peur pour leur séjour entre Auxonne et Besançon, étaient peut être de retour à Paris. Mais ils n'apparaissent plus dans aucune chronique. Les grands bouchers se contentaient de récupérer leurs biens et de se faire attribuer des sinécures.
Le nouvel homme du jour était le sinistre bourreau Capeluche. Encore moins considéré que les bouchers, voire détesté, le bourreau avait une revanche à prendre. Devenu chef des Halles, il affectera des manières de gentilhomme, serrera la main de Jean sans peur et l'appellera son "beau frère". Il se distingua si l'on ose dire, par son sadisme envers une femme enceinte.
Le 14 juillet, Jean Sans Peur fit son entrée dans une capitale " nettoyée " de ses opposants. Mais il n'avait pas oublié que les égorgeurs de 1413 l'avaient mis en fâcheuse posture et lorsque de nouveaux troubles éclatèrent le 21 août, le Duc se donna le rôle de justicier, en accord avec la bourgeoisie parisienne. La populace fut invitée à participer au siège de Monthléry. Sitôt débarrassé des gèneurs, les autorités firent aussitôt monter les enragés sur l'échafaud.
Capeluche fut capturé dans une taverne des Halles. Il tint à affûter lui-même la hache et donna quelques bons conseils à celui qui allait lui succéder dans l'office de bourreau. " Et ordonna le bourreau la manière au nouveau bourreau comment il devoit couper les têtes ; et fut délié et ordonna le tranchet pour son cou et pour sa face et osta du bois du bout de la doloire et avec son couteau, tout ainsi comme s'il voulut faire l'office pour ung autre, dont tout le monde estoit ébahi. Après ce, il cria merci à Dieu et fut décapité par son valet [en même temps que] d'autres des principaux esmouveurs du commun. "
Enfin, tandis qu'une épidémie de petite vérole ravageait Paris, Jean Sans Peur se rendit au pont de Montereau pour y traiter avec le nouveau Dauphin, le futur Charles VII. Nul ne sut au vrai ce qui se passa mais la discussion s'envenima et le Duc de Bourgogne tomba percé de coups.
Par esprit de vengeance, le nouveau duc, Philippe le Bon, embrassa la cause
de Henry V et obtint de Charles VI qu'il déshéritât le Dauphin
"considéré les horribles et énormes crimes et délits
perpétrés au royaume de France par Charles soi disant Dauphin
de Viennois". Soi disant signifie "qui se dit lui-même"
Dauphin. Il n'y a aucune allusion à une possible bâtardise du "roi
de Bourges", ce qui aurait jeté l'opprobre sur l'honneur de la Reine.
Les Cabochiens qui avaient trouvé des emplois à la Cour de Jean
Sans Peur passèrent au service de son fils ou pis, à celui du
Duc de Bedford, régent de France et d'Angleterre pour le jeune Henry
VI . Parmi ces transfuges, un certain Cauchon, qui gagnera bien plus que les
trente deniers traditionnels en acceptant de juger Jeanne d'Arc.
Ces hommes à qui Charles VII victorieux ne pardonna que du bout des lèvres,
contraint qu'il était de respecter la lettre du traité d'Arras,
se souvinrent-ils qu'en 1411 ils s'étaient opposés à la
présence d'Anglais à Paris et qu'en 1413 ils avaient levé
une armée pour les combattre ?
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