Hé ! Dieu, si j'eusse étudié
Au temps de ma jeunesse folle
Et à bonnes meurs dédié,
J'eusse maison et couche molle !
Mais quoi ? Je fuyaie l'école,
Comme fait le mauvais enfant.
En écrivant cette parole,
À peu que le coeur ne me fend.
François Villon, écolier turbulent impliqué dans la potacherie du "Pet au diable", une grosse borne que les étudiants avaient oté de devant une maison de la rive droite pour la porter au Quartier Latin, ce qui avait engendré des bagarres avec la police... Victime d'une interminable grève des cours engendrée par un conflit entre le Roi et l'Université, clerc sans prébende, il fréquenta les tavernes et sa faune louche, pami lesquels les membres de la confrérie des Coquillards.
Plus tard, François Rabelais écrivit : " vint à Toulouse où apprint fort bien à danse et à jouer de l'espée à deux mains comme est l'usance des escholiers en ladicte Université."
Partout en France, de nombreux incidents opposaient les escholiers entre eux, individuellement ou dans le cadre des "nations", ainsi qu'aux détenteurs du pouvoir.
A l'occasion des funérailles de Charles V, Hugues Aubriot saisit au menton le recteur de l'Université qui voulait prendre le pas sur le Chapitre de Notre Dame. Dans l'échauffourée qui s'ensuivit, les gardes du Prévôt tuèrent un écolier, en blessèrent plusieurs autres et faillirent faire tomber le recteur en Seine. De nombreux écoliers traversèrent la Seine à la nage pour ne pas se faire arrèter par la garde du Petit Châtelet.
Une délégation de l'Université tenta en vain d'entrevoir le Prévôt le lendemain. Aubriot se contenta de déclarer : "ah cette truandaille, cette ribaudaille. Il me déplaît qu'il ne soit pas arrivé pire."
Mais Aubriot fut contraint de faire amende honorable devant Notre Dame, ce qui déconsidéra le pouvoir royal et gonfla encore plus les prétentions de l'Université.
Aubriot fut aussi détesté pour la protection sans faille qu'il accorda aux Juifs, allant jusqu'à rendre aux familles juives les enfants que les chrétiens leur avaient arraché durant des émeutes, pour les baptiser de force .
Détestant les émeutiers, les antisémites et l'Université... Aubriot devait être un honnête homme...
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