Charles, par la grâce de Dieu Roy de France, [...] Salut. Sçavoir faisons que pour occasion de la prise et emprisonnement indeuement et sans cause fait des personnes de nostres chers et très amez cousins germain et frère en loy, les ducs de Bar et en Bavière, et d'aucuns de nos officiers de notre très cher et très amée compagne la Reyne, et de nostre très cher et très amé fils aisné le duc de Guyenne, et aussy d'aucunes dames, damoiselles et femmes de l'hostel de nostredite compagne, nos très chers et très amez cousins et neveu le Roy de Sicile, les ducs d'Orléans et de Bourbon, et les comtes d'Alençon et de Eu, eux dolens de ce, de la manière de ladite prise et du courroux et déplaisance que nostredit fils avoit en ce pris et de plusieurs autres choses, par avant aucunes en Nostre bonne ville de Paris, sont naguerres venus en la ville de Verneuil, auquel lieu Nous avons envoyé nos ambassadeurs notables et avec ce eux aucuns des gens de nos très chers et très amez oncle et cousin, les ducs de Berry et de Bourgongne, et après iceux nos oncle et cousin de Berry et de Bourgongne, avec eux les ambassadeurs dessus envoyez, comme dit est, audit Verneuil et aucuns bourgeois et habitans de notredite ville de Paris, sont allez et ont esté, par notre ordonnance, à Pontoise, et nosdits cousin et neveu le Roy de Sicile, les ducs d'Orléans et de Bourbon, les Comtes d'Alençon et de Eu, sont allez et ont esté en la ville de Vernon, et d'illec ont envoyé leurs messagers et ambassadeurs audit lieu de Pontoise exposer et signifier à nos dits oncle et cousin, les ducs de Berry et de Bourgongne, et autres de notre conseil et de notredite ville de Paris, estans en leur compagnie, les causes de leur complainte et montrer les périls et inconvéniens de guerre et autrement qui, pour ce, estoient en aventure d'ensuir brièvement, et après plusieurs paroles et conseils, eux, sur ce, d'une partie et d'autre, ont esté faits et avisez pour paix et union avoir en Notre royaume et provision, mettre ausdits inconvéniens aucuns articles contenus et déclarez en une cédule, dont la teneur est telle:
Premièrement entre les seigneurs du sang du Roy sera bonne amour union,
et promettront et jureront estre bons et vrays parens et amis et, de ce, feront
les uns aux autres lettres et sermens, et aussy a greigneur confirmation, le
jureront et promettront les serviteurs principaux desdits seigneurs du sang
du Roy qui ont envoyé leurs messages et ambassadeurs, feront cesser toute
voye de fait et de guerre, et ne feront aucuns mandemens de gens d'armes, encore
se aucuns en ont fait les annulleront et feront cesser;
Item qu'ils feront tout leur loyal pouvoir de faire vuider et de partir le plus
hastivement que faire se pourra les gens des compagnes qui sont avec Cliquet,
Boiscedan et autres, leurs adhérens, par toutes voyes et manières
a eux possibles et se les prédites gens de campagne ne le vouloient faire,
lesdits seigneurs s'employeront au service du Roy pour les faire départir
et détruire, et tous autres ennemis du Roy ou qui voudront gréver
son Royaume;
Item, promettront que ces choses avenues à Paris, ils ne porteront aucunes
rancunes, maltalent ou dommage à la ville ne a aucuns particuliers d'icelle;
ils s'offrent de la aider et pourchassier de leur pouvoir;
Item, que les seigneurs promettront et jureront par les sermens faits sur la
vraye Croix et sur les sains Evangiles de Dieu, en parole de Prince et sur leur
honneur de faire et faire entériner et accomplir loyalement les choses
dessusdites sans aucune fraude ou mal engin, et en bailleront au Roy leursdites
lettres séellées de leurs seaux;
Item, parmy les choses faisant requerant lesdits mesages et ambassadeurs que
le Roy contremande et fasse contremander tous mandemens de gens d'armes et de
trait et fasse cesser toute voye de fait et de guerre, excepté allencontre
des dites gens de compagne et autres, ses ennemis, au cas qu'ils ne se partiront
et vuideront par la manière que dit est;
Item, semblablement il fasse ceser et mettre au néant tous mandemens
n'a guères donnez pour mettre en sa main aucuns châteaux et forteresses
d'en dépoincter les capitaines, de promettre autres au lieux d'iceux
capitaines, ou au lieu des seigneurs à qui les dits châteaux et
forteresses appartiennent et fassent remettre les choses au premier estat, quant
à ce, et que la commission par luy donnée puis certain temps pour
le fait d'aucuns prisonniers et d'autres apellez ou à apeller à
ban soit convoquée, et qu'on les fasse punir par la justice du Roy ordinaire
et accoutumée, sans ce que aucuns commissaires particuliers s'en meslent
aucunement;
Item, que le Roy et la Reine de Monseigneur de Guyenne, les choses dessus dites
entérinées et accomplies, soient hors Paris à certain jour,
auquel lieu soient lesdits seigneur, tant d'un côté comme d'autre,
pour ferme, bonne union entr'eux, et pour entendre aux besongnes du Roy et aviser
aux choses nécessaires au bien de luy et de son royaume, et se aucun
faisoit douté que lesdits seigneurs ou aucuns d'eux voulsissent réduire
le Roy, la Roine ou Monsieur de Guienne a aucune haine ou vangeance contre la
ville de Paris ou aucuns des habitans, ou a en prendre gouvernement ou attraire
avec eux le Roy ou Monsieur de Guyenne, ou que l'en fist aucune autre doute
à ladite assemblée, lesdits seigneurs sont prests d'en bailler
toute seureté possible que l'en pourra aviser, et nosdits oncle et cousin
de Berry et de Bourgongne avec ceux qui envoyez ont esté audit lieu de
Pontoise, retournez en nostredite ville de Paris le mardy premier jour de ce
présent mois;
Fut l'ambascadeur exposer et le contenu de ladite cédule leue pardevant
Nous, en notre grand conseil, en pleine audiance, en présence de notredit
fils de Guyenne, de nosdits oncle et cousin de Berry et de Bourgongne, de notre
conseil et autre, en grand nombre, et icelle leue par Nous, apointée
que ladite cédule seroit baillée la copie en nostre très
chère et très amé fille l'université de Paris, à
notre cour de Parlement, aux gens des Comptes, au collèges des églises
de nostredite ville de Paris et à icelle ville de Paris, pour avoir sur
ce avis, et que le jeudy prochain en suivant, IIIe jour de ce dit présent
mois, ils vinssent par devers Nous pour en dire chacun son opinion ou délibération,
en suivant lequel appointement, ladite cédule fut diligemment faite et
envoyée ez lieux dessusdits, et combien que le contenu en icelle cédulé,
tout veu et considéré, ait semblé estre juste, sain et
raisonnable pour le bien de paix, d'union et de concorde, à ladite université,
en notredite cour de Parlement, à nosdits gens des Comptes, ausdits collèges
et aux bons bourgeois et habitans de notredite bonne ville de Paris, et qu'ils
feussent tous prests d'en dire et raporter ledit jeudy, par devers Nous, leur
délibération et opinion, par la manière dessudite, néanmoins,
aucunes gens de petit estat et faculté, lesquelles par cy devant, par
leur entreprise, ont eu la plus grande partie du gouvernement de nostredite
ville de Paris, et qui, en icelluy gouvernement, estant pour continuer la guerre
et division qui longtemps a esté en notre royaume afin d'avoir toujours
la domination, ont, par faux donné à entendre, voulu induire plusieurs
grands seigneurs de notre sang et lignage et autres, à la guerre, doutans
que punition ne fust faite d'eux, des pilleries, meurtres, roberies et d'autres
délits par eux faits en maintes manières, sous ombre de l'entreprise
dudit gouvernement, firent tant et pourchassent en persévérant
en leurs mauvais propos et par leurs faux donnez à entendre, qu'accordé
leur fut ladite journée du jeudy, seroit continuée jusques au
samedy en suivant, 6e jours de ce présent mois, afin que cependant ils
empechassent la paix par horribles et damnables voyes, et dont au playsir de
Dieu on saura brièvement la vérité;
Mais Dieu voulant, pourvoyant à ce, la dite université assemblée,
les cours de nosdits Parlemens et chambres des Comptes, les collèges
des églises et les prudhommes, bourgeois et habitans de notredite ville
des plus notables, en très grand nombre, non contens de ce, doutans l'inconvénient
et péril éminent qui, pour occasion dudit délay, se pourroit
ensuir, désirans de tout leur coeur la bonne paix et union d'entre ceux
de notre sang et lignage maintenir et justice régner à l'honneur
et confermation de Nous et de notredit royaume, et voulans obvier aux entreprises
damnables des empeschans ladite paix, vinrent après disner devers Nous,
Nous estans en notre hostel à Saint Pol, et Nous requirent avoir audiance
pour le bien de paix, ce que leur octroyans libéraument, et ce fait,
nous exposèrent les biens de la paix, les maux et inconvéniens
de la guerre et la nécessité et besoin qu'il estoit de procéder
à l'exécution de ladite cédule, en nous requérant
dudit samedy estre anticipée au vendredy précédent, avec
aucunes provisions à la seureté de notredite ville de Paris;
Auquel jour de samedy, les dessusdits, voulans et désirant la paix se
cuidèrent assembler en la maison de notredite ville en grève,
et illec attendre l'un et l'autre pour venir devers Nous, en notredit hostel
de Saint Pol, mais ils trouvèrent empeschement que lesdits empeschans
la pais qui, comme dessus est dit, sont gens de petit estat et ennemis de paix,
estoient en ladite maison de notredite ville, avec eux aucuns varlez arrivez,
venus sous ombre de l'autorité et gouvernement qu'ils avoient en notredite
ville de Paris, pour laquelle cause, lesdits prudhommes voulans la paix se assemblèrent
en la place Saint Germain Auxerrois, à Paris, et illec environ entres
grand et notable nombre, tous d'un courage et voulanté quant à
ce, et se persforcèrent lesdits empeschans de la paix, par deux moyens,
de rompre et empescher l'assemblée desdits notables hommes voulans ladite
paix, a quoy ne fust aucunement obtempéré, car ordinairement partirent
de Saint Germain pour venir devers Nous, en notredit hostel de Saint Pol, si
comme appointé avoit esté ledit jeudy précédent,
et eux venus en iceluy lieu de Saint Pol, en la présence de nosdits fils,
oncle et cousin, les ducs de Guyenne, de Berry et de Bourgongne, et de plusieurs
autres de notre conseil, fut par Nous la paix accordée, et que ladite
cédule mise à exécution, et que punition desdits empeschans
la paix seroit faite par justice, dont nosdits bons et loyaux sujets furent
moult joyeux et incontinent par notre ordonnance et voulanté, montèrent
à cheval nosdits fils, oncle et cousin de Guyenne, de Berry et de Bourgongne,
et allèrent desprisonner nosdits cousin et frère les ducs de Bar
et en Bavière, du Louvre ou ils avoient longuement esté, et plusieurs
chevaliers et officiers de noz et de notre compagne et de notredit fils, de
nostre palais et de nostre chastelet, à Paris, ou avoient pareillement
et longuement esté emprisonnez et detenus par la puissance et voulanté
desdits empeschans la paix, lesquels empeschans véans bon gouvernement
mettre sus et justice commencer à régner, se denvassièrent
et abstentèrent, et encore n'ont pu estre trouvez, ne appréhendez,
dont est à douter encore que par leurs inductions et fausses mensonges
par lesquels ils pouroient aucuns faire à leur entreprise et voulanté,
aussy comme au temps passé ont fait pires inconvéniens que devant
n'en ensuivent, à quoy besoin est de y obvier soigneusement à
l'aide de notre seigneur, mesmement que ladite paix qui tant est bonnement proufitable,
et pour laquelle nosdits neveu et cousins, le Roy de Sicile, les ducs d'Orléans
et de Bourbon, les comtes d'Alençon et d'Eu, ont depuis tout ce que dit
est, envoyé et fait venir à Paris leurs ambassadeurs qui, chacun
jour, entendent et besongnent diligemment à l'exécution de ladite
cédulle, en ayant agréable et approuvant ce qui par Nous a esté
fait pouroit estre rompu, qui seroit la destruction de Nos et de notredit royaume,
et de tous nos bons et loyaux sujets;
Si vous mandons et très étroitement enjoignons qu'à l'entérinement
des choses dessusdites, lesquelles Nous vous signifions estre vrayes et telles
que dessus sont spécifiées, ne à quelconques faux et mauvais
raports qui, au contraire, seroient faits par lesdits empeschans la paix, vous
ne croyez ne adjoutez foy en quelque manière que ce soit, et que vous
ne recueillez, ne ne souffrez demeurer en notredite ville de Tholouze, ne au
pays d'environ, iceux empeschans la paix, ne leur donnez faveur en quelque manière
que ce soit, mais les faites prendre et emprisonner par justice et les nos envoyez
pour en faire faire telle justice, raison et punition, comme il appartient en
tel cas, et aussy vous, sénéchal, faites ces choses publier, tenir
et accomplir pareillement par toutes les bonnes villes et autres lieux de votredite
sénéchaussée, et requerez avec ce, de par Nous, à
toutes les églises, collèges et autres qu'il appartiendra de votredite
ville, qu'ils fassent et fassent faire processions et prières dévotes
pour ladite paix, à ce que Notre Seigneur, par sa grâce, la vueille
toujours entretenir et garder bien chacun de vous endroit soy, que ces choses
dessus dites n'ait faute, car ainsy Nous plaist et voulons estre faict.
Donné à Paris le Xe jour d'aoust, l'an de grâce mil quatre
cens et treize, et de notre règne le XXXIIIe.
Collation faite, à l'original de la cédulle cy dessus, par le
Roy en son grand conseil auquel Mesieurs les ducs de Guyenne et de Berry, le
maréchal de Lougny et autres estoient. J. de Castel.
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