En avril 1421 certains parisiens "vuydoient leurs pommes ou leurs prunelles en m'y la rue en intencion que les porcs de Saint-Anthoine les mengeassent ". Mais les porcs n'en profitaient pas " car aussitôt qu'elles y estoient gectées elles estaient prinses de pouvre gens, de femmes, d'enfans qui les mengeoient par grant saveur, qui estait une très grande pitié".
La même année les pauvres mangèrent des chiens " car
quant le tueur des chiens avait tué des chiens, le pauvres gens le suyvoient
aux champs pour avoir la char ou les trippes pour leur menger". (1)
Pis, ne trouvant plus à se nourrir en campagne les loups envahirent Paris : " Aussi tost que on avoit enterré les corps ils venoient par nuyt et les desterroient et les mangeoient et les gembes [des suppliciés] que on pendoit aux portes mongèrent ils en saillant, et les femmes et enfans en plusieurs lieux. "
Journal d'un bourgeois de Paris.
Que faut il conclure de ceci quant au loup? Animal craintif si l'on en croit les écologistes ou bête féroce si l'on en croit ce témoin par ailleurs fiable? Sont-ce des animaux qui peuvent attaquer l'homme lorsqu'ils sentent que celui ci est affaibli? Voire : peuvent ils prendre goût à la chair humaine?
(1) Un siècle plus tôt, à Amiens, une Ordonnance de 1317 stipulait :" Il est fait défense aux bouchers d'écorcher chat, chien et cheval ". J'ignore si la consommation de viande de carnivores était fréquente ou liée aux troubles de la guerre. Le chat n'était pas un animal très répandu au Moyen Âge, mais certains ont du finir dans les fourneaux des pâtissiers : bien malin qui peut dire quelle viande a été mise en oeuvre par ces artisans suspects...
© grande-boucherie.chez.tiscali.fr