"Cet animal est très méchant. Quand on l'attaque il se défend."

Théodore P.K. (inconnu) vers 1860.

 

 

Tueur féroce ou créature peureuse effrayée par l'homme et n'osant jamais l'attaquer? Le seul vrai fauve européen est au centre des débats en raison de sa réapparition en France à partir de foyers italiens.


Dans le roman de Renart écrit entre 1170 et 1250, le loup n'était pas décrit comme une bête féroce, mais comme la dupe perpétuelle de Renart. Rien de bien effrayant, donc? Rien à voir avec ces prédateurs présentés sous des dehors peu avenants dans les oeuvres de Gaston Phébus, comte de Foix? En fait, il semble que les humains se moquaient du loup pour exorciser les peurs bien réelles : dévaloriser l'adversaire, c'est se donner du courage et déjà espérer la victoire.

Les hommes de la préhistoire étaient en concurence directe avec les loups : ils suivaient les herbivores en migration et la rencontre d'un loup -ou d'une meute- au coin d'un bois se terminait généralement mal pour l'humain isolé. Puis, dès que les hommes développèrent l'élevage, ils se heurtèrent à la détermination, à l'intelligence et au courage des loups. Tous les troupeaux eurent à souffrir des attaques de ces canidés sauvages, au point que les hommes durent passer alliance avec un autre canidé domesticable : le chien.

Il semble que ce soit surtout à la fin du Moyen Age que les loups devinrent réellement dangereux pour l'homme. Après la Peste Noire, les campagnes se dépeuplèrent et les terres abandonnées redevinrent rapidement des forêts. Les ravages des gens de guerre décimèrent les troupeaux, ce qui fit perdre une partie de ses proies aux loups qui s'étaient multipliés. Mais les cadavres humains devinrent abondants... "La chair de l'homme leur est si savoureuse et si plaisante qu'après qu'ils y ont acharné (goûté) ils ne mangeraient point d'autres bêtes." A dater de cette époque, les français déclarèrent une guerre d'extermination au loup.

Mais le loup allait s'avérer plus coriace que les lions éradiqués d'Europe avant l'ère chrétienne : moins fort que le félin, mais certainement plus intelligent, vivant en meute solidaire et bénéficiant d'innombrables bataillons de réserve en europe de l'Est, le loup survivra jusqu'à nos jours.

 

Cet animal est très méchant. Quand on l'attaque il se défend. "La Ménagerie", par Théodore P.K. (inconnu) vers 1860.

 

 

Un piège particulièrement ingénieux. Le loup qui suit une trace sanglante et entend les bêlements de sa proie affolée entre dans un enclos. En effectuant un tour complet, il referme automatiquement la porte et reste coincé dans l'enclos, bien plus haut que ce qui est représenté.

 

Gaston Phébus conseillait de se débarasser des loups avec des filets, des fosses, des noeuds coulants accrochés à un contrepoids, des pièges à machoîres... Il proposait également la perforation des intestins par des hameçons de métal cachés dans des boulettes de viande de cheval. Cette méthode était encore utilisée au XXème siècle par les eskimos Inuits qui remplaçaient le métal par des fanons de baleine maintenus repliées par des tendons. Les sucs digestifs rongeaient les tendons et le fanon élastique se déployait en perforant les intestins, déclenchant péritonite ou hémorragie.

 

 

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