lépreux se signalant par une crécelle

 

La lèpre, due au bacille de Hansen, est une maladie originaire du Proche Orient. L'historien Pline l'Ancien prétendit que les armées de Pompée avaient rapporté la maladie de leurs campagnes en Egypte. La maladie se répandit ensuite dans tout l'empire romain. Elle connaîtra un grand développement en Gaule, puis dans la France du Moyen Âge.

En terre sainte, elle frappera également les Croisés. En 1170, le précepteur Guillaume de Tyr diagnostiqua la maladie en observant le petit Baudouin de Jérusalem : quelle que fut la gravité de la blessure, l'enfant paraissait insensible à la douleur. Petit à petit, des pustules apparurent et l'on put dire que le lent pourrissement du roi Baudouin IV, jusqu'à sa mort courageuse en 1183 face à Saladin , était une preuve que Dieu voulait punir les pêchés des croisés.

De nombreuses maladies, liées à des carences alimentaires ou à une absence d'hygiène et à la promiscuité avec des animaux, peuvent engendrer des déformation ou des pustules épidermiques. Les médecins du Moyen Âge s'attachèrent à bien isoler la lèpre lépromateuse, en la caractérisant par une série de symptômes. Lorsque les médecins, les barbiers ou les chirurgiens avaient diagnostiqué le mal, en observant une série de symptômes, la mort sociale frappait le malade : il ne devait plus avoir de contacts avec les individus sains et signaler sa présence par un habit spécial et par le bruit d'une crécelle. Il devait vivre en marge de la ville ou du village. Certains romans de chevalerie évoquent des villages entièrement peuplés de lépreux qui reconstituent une communauté : puisque la reine Guenièvre avait fauté, les lèpreux de Camelot réclamèrent au roi Arthur qu'on leur livrât, sort bien pire que la mort!

 

Ghirlandaio. Vieillard avec enfant. Acnée rosacée, rhinophyma.

 

Les malades faisaient tout pour cacher l'apparition de cette maladie qui répandait la terreur et la séparation n'était pas toujours respectée. Il est significatif que les mendiants, prompts à se plaindre de faux ulcères ou de plaies fictives ne cherchaient pas à se prétendre lépreux : les risque étaient trop grand. Saint Louis, qui visitera un religieux malade à Royaumont et déclarera qu'il préférerait être contaminé que de commettre un péché mortel ne fera pas d'émules. Pis, en 1321, une rumeur enverra quelques centaines de malades au bûcher : on prétendait que les lépreux avaient décider de contaminer les puits et les sources de France, en collusion avec les Juifs et les Sarrasins!

Au XIème siècle se mettra en place l'enfermement dans des léproseries, établis par des donateurs charitables ou des confréries religieuses. En l'absence de tout traitement, c'est cet isolement qui fera disparaître peu à peu cette maladie, par ailleurs peu contagieuse, de l'Europe.

 

Job frappé de lèpre. Sculpture romane, Pampelune

 

 

Sur les souffrances morales des malades , une lecture recommandée : "l'île des lépreux" de Jack London, Bouquins. La relégation dans l'île mouroir de Molokkai.

 

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