La lèpre est une maladie due à une bactérie, le bacille de Hansen. La ladrerie est une affection due à un ver parasite, le ténia Cysticercus cellulosae présent chez le porc. Les deux maladies étaient confondues mis elles n'ont rien en commun, si ce n'est que les lépreux ont le corps gonflé par des nodules et que les porcs atteints de cysticercose présentent également de nombreuses boules de parasites sous la peau.

 

Glandée, bréviaire de Brescia

 

Dans la forme classique de la maladie, le téniasis, l'humain se contamine en mangeant de la viande de porc mal cuite. Les larves présentes dans la chair de porc sous forme de petits grains s'ouvrent dans le tube digestif du consommateur. Un ver se fixera dans la paroi intestinale et vivra en parasite cpendant une dizaine d'années, détournant une partie des aliments ingérés. D'où des troubles de croissance, du rachitisme, une faiblesse généralisée... Les anneaux terminaux du ver se détacheront et seront éliminés à chaque défécation ; ils contiennent plus de trente milles œufs qui seront consommés par les porcs, bouclant le cycle.

La deuxième forme de la maladie, la cysticercose, est une affection beaucoup plus grave : il existe chez les jeunes enfants des formes cérébrales avec des épilepsies. Ces formes, disparues en France, sont fréquentes dans les pays en voie de développement non musulmans alors qu'il existe des médicaments efficaces et que le dépistage de la ladrerie est facile. C'est essentiellement une maladie due aux contacts trop proches, entre l'homme et le porc.

L'homme ne se contamine pas avec les larves de la viande porcine mais en consommant les œufs contenus dans les excréments humains. Pas directement et volontairement bien sûr, mais en consommant des légumes fumés avec des excréments humains ou en manipulant ces excréments, comme les intellectuels rééduqués de force dans les campagnes durant la Révolution culturelle du temps du regretté président Mao. Les contacts entre porcs et humains étaient constants au Moyen Age : les porcs envahissaient littéralement l'environnement humain.

Les larves se forment dans la peau, le muscle des malades et les symptômes observés sont identiques à ceux du porc : "un signe très certain, lorsqu'il y a doute sur un cas de lèpre [...] est que si le médecin tient la langue serrée entre ses doigts, il voit à la base de la langue, ou à la luette et au palais, de petites pustules, blanches, rouges ..." Guillaume de Salicet, 1275 (Madeleine Ferrières op cit.). C'est essentiellement cette forme de maladie qui a induit en erreur les médecins du Moyen Âge.

 

Jérome Bosch, jardin des délices

 

 

Traitement contre les vers

Remède sucré proposé par le célèbre chirurgien Ambroise Paré : "... pour les faire encore plustot debusquer et sortir hors, faut oindre le siège du malade de miel et de sucre, parcequ'ils fuient l'amertume et courent à la douceur et, partant, sortent plustost du ventre..." Les ascaris et les oeufs de ténias sont effectivement englués, mais en aucun cas attirés par le sucré...


Dictionnaire de l'Académie, 1650

 

Dictionnaire d'agronomie 1764

Les Cochons sont sujets à des maladies ;

Primo, la ladrerie ou lèpre : les signes sont quand il est lourd & pesant ; sa langue & sa gorge sont chargés de petites pustules, la racine des soies est sanglante.
Remède.
Séparez le des autres ; donnez-lui de bonne paille fraîche ; saignez-le sous la queue ; baignez-le souvent en eau claire ; nourrissez-le avec de l'eau & du son, mêlé avec du marc de vin.
Autre Remède.
Lorsque les petites pustules noirâtres de ladrerie sont bien formés sur la langue du Cochon, ou que cette maladie se manifeste par l'enrouement de l'animal : pulvérisez de l'antimoine crud ; mêlez-le avec un peu de farine d'orge, & répandez-en sur la langue du Cochon, & plusieurs fois la semaine : on a éprouvé que ce remède est encore fort bon pour les chancres ou boutons qui viennent aux bêtes à corne.

Texte complet sur http://www.agronome.com/Dico/index.php

 

 

 

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