Soiries et épices sont les principales marchandises que trafiquaient les Polo et les commerçants occidentaux. D'une grande valeur sous un faible poids, les marchandises étaient revendues plusieurs fois leur prix d'achat en Orient. Les plus pauvres occidentaux se contentaient d'herbes locales ou de poivre. Les couches supérieures de la société recherchaient les épices les plus exotiques et les plus chères . Snobisme oblige. Ainsi s'explique la vogue du poivre long, plus rare que le poivre normal, jusqu'à ce que l'on découvre sa provenance réelle, puis que le piment américain apparaisse sur les tables et le remplace.

Dès l'empire romain, les Arabes s'emparèrent du commerce des épices car leurs pays étaient des intermédiaires obligés entre le monde méditerrannéen et le Sud-Est asiatique. Les marchands occidentaux, coupés des sources d'approvisionnement propageaient ils des légendes sur ces épices, involontairement ou sciemment : leurs produits n'en paraissaient quye plus désirables.

Ainsi le poivre noir ne doit pas sa couleur au sèchage et à la fermentation mais au feu que les récolteurs doivent périodiquement mettre à la forêt où il pousse, pour en chasser les serpents mortels qui l'infestent. Telle est du moins l'opinion d'un savant du XVIème siècle, Bartholomeus l'Anglais.

Pour Joinville, historien et sénéchal de Saint Louis qui avait accompagné son maître en Croisade en Egypte, il était avéré que les épices - gingembre,
rhubarbe, cannelle et aloes- étaient pêchées dans le Nil, avec des filets, après qu'elles soient tombées du Paradis...On sait désormais que ce n'est pas vrai : la rhubarbe asiatique a désormais envahi nos jardins et tout restaurant chinois propose du gingembre confit.

 

Seule la Maniguette a garda longtemps de son aura, puisque cette épice africaine s'appelle encore "graine de Paradis"...


 

Décrits par Marco Polo, les Cynocéphales sont les indigènes des iles Adaman, dans l'Océan Indien. Quoi que dotés d'un aspect peu amène, ces hommes-chiens sont bien plus civilisés que les Sciapodes, Blemmies et autres Cyclopes qui habitent la lointaine Sibérie, ou les idolâtres anthropophages de Java la mineure (Sumatra). Ils se livrent à la récolte et au commerce des épices qui traverseront la moitié du globe pour venir sur les tables parisiennes.

 

 

 

Enluminure présentée dans tous les ouvrages historiques comme un vendeur de noix de muscade géante. Ce que ce regrattier pèse à la balance semble bien des noix . Mais la grosse sphère poilue avec trois yeux , c'est une noix de coco! Les historiens ne feraient ils jamais leurs courses au marché???

Myristica fragrans, le muscadier, donne une autre épice : le macis, l'arille colorée qui enveloppe la noix. Le macis avait la faveur dans la perfide Albion, alors que la Doulce France ne jurait que par la noix. Dès le Moyen Age, les cuisines européennes avaient des préférences et des interdits, qui subsistent jusqu'à nos jours, puisque nous pouvons nous moquer de ces Anglais qui n'aiment pas l'ail mais n'hésitent pas à tartiner un rôti de menthe...

 

 

 

Petit somme réparateur sur un sac d'écorce de Cannellier. Pour les hommes du Moyen Age, qui révèrent les textes de l'Antiquité, la cannelle est une épice trouvée dans le nids de divers oiseaux, dont le fabuleux phoenix, cet animal qui renait de ses cendres.

 

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