La prostitution, quoi que mal vue était tolérée et encadrée par le pouvoir politique. Il est vrai que ce genre de pratiques permettait de protéger la vertu des honnètes femmes. Il semble à la lecture de registres criminels que les viols, parfois en groupe, n'étaient pas rares au point que les historiens ont parlé de rite de passage à l'âge adulte pour les jeunes mâles entravés par un carcan social et religieux des plus pesant...Même la cité des Papes connaisaient quelques mauvais lieux, puisqu'un proverbe disait qu'on ne peut traverser le pont d'Avignon sans croiser deux moines, deux ânes et deux putains..."

 

Il était interdit aux "filles ou femmes de joye, follieuses, ribaudes, bordelières, folles de leurs corps" de se mélanger avc la population, ou d'arborer des tenues pouvant laisser croire à leur respectabilité. Saint Louis fut le premier, en 1254 à vouloir expulser ces dames du Royaume, après confiscation de leurs biens et vêtements. Ordonnance réitérée lors de son départ d'Aigues Mortes pour l'Outre Mer, avec un don au couvent des Filles Dieu ouvert aux filles repenties.

Mais en 1256, le Saint roi devra se contenter d'exiger de les expulser hors les murs et de leur interdire de travailler en centre ville, près des églises ou des cimetières. La prostitution est un mal nécessaire.

Lors de la construction de Notre dame, l'Evèque refusera le don d'un vitrail par les ribaudes parisiennes. Mais certains théologiens s'interrogeront sur le statut de ce métier si particulier. Thomas de Cobham estimera que les femmes "foles de leur cors" doivent être assimilées aux mercenaires. "Elles louent, en effet, leur corps et fournissent un travail. Si elles se repentent, elles peuvent garder les bénéfices de la prostitution pour en faire des aumônes. Mais si elles se prostituent par plaisir et et louent leur corps pour connaître la jouissance, alors elles ne fournissent pas un travail , et le bénéfice est aussi honteux que l'acte."

 

 

 

Il existait une rue du Petit Musc, juste à coté de l'hôtel royal de Saint Pol. Le petit mammifère asiatique secrétant une substance utilisée en parfumerie n'est pour rien dans le nom de cette rue. La rue, attestée dès 1382, devait son nom aux dames qui s'y promenaient ou s'y cachaient : rue de la "Pute y muse" puis rue de la "Pute s'y musse"...

Dans le même ordre d'idée, la rue du Pélican, près de l'actuelle rue des Petits Champs, doit son nom au "poil au c...". En 1792, ses habitants obtinrent un changement de nom : comme les dames en avaient été chassées, la rue devint ... la "rue Purgée". Le remède était bien pire que le mal, un peu comme ces bretons qui cherchaient un nom plus harmonieux à l' Ile et Vilaine. Il suffisait de substituer, à la rivière Vilaine, la Rance. Ile et Rance : quel joli nom pour une région productrice de beurre...

Les rues Grattecul, allusion aux charmantes bestioles qu'on pouvait y attraper, ainsi que Tirevit (sic !!!) ont changé de nom : Dussoubs et Marie Stuart. Dommage.

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