Sentence du prévôt de Paris du 11 février 1372

qui adjoint deux bouchers aux jurés chandeliers pour la visite des suifs chez lesdits chandeliers.


"A tous ceulz qui ces lettres verront, Hugues Aubriot, garde de la prevosté de Paris, commissaire et général réformateur ordonné et député de par le Roy nostre Sire, sur les mestiers de la ville de Paris, salut.

Savoir faisons que pour éviter les fraudes et malices qui ont esté faites ou temps passé et que l'eu fait de jour en jour, ou pourroit faire ou temps advenir, sur le fait du suif que l'en fait et vend a Paris pour faire chandelles, et pour le proufilt et gouvernement du commun peuple de la ville de Paris et de ceulx qui y fréquentent et affluent, Nous voulans sur ces choses pourveoir de remède pour l'utilité de la chose publique et a ce que bonnes denrées et loyaulx soient faittes et vendues en laditte Ville et ailleurs, ez mettes (1) de nostre jurisdiction, avons ordonné, en augmentant le anciens registres du mestier des chandeliers de Paris, lesquels nous avons veuz e fait veoir a grant diligence, que doresnavant a faire la Visitation du suif, dont l'en fait ou pourroit faire chandelles, aura deux bouchiers qui y seront appeliez et establiz par nous avecques les jurez du mestier des chandeliers de Paris, pour plus deuement faire ladicte Visitation ; lesquels bouchiers et chandeliers, pour leur peine et salaire, et afin qu'ils soient plus diligens de faire visitation, auront le quart des amendes qui escharront du fait d'icelle visitacion. En tesmoing de ce nous avons fait mettre a ces letres le scel de la prevosté de Paris. Ce fu fait eu jugement, ou Chastellet de Paris, le jeudy onzième jour de février, l'an mil trois cents soixante et onze".


Banlieue et bornes de Paris


(1) du latin "Meta" : borne, limite. Deux cercles autour de la ville de Paris : d'abord la banlieue, large de deux lieues, dans laquelle les obligation sont les mêmes que dans la ville.

Ensuite, les bornes, plus éloignées où certains privilèges parisiens s'exercent. En particulier l'obligation de s'associer avec un "français", un membre de la Hanse parisienne pour transporter des marchandises sur le fleuve. En aval de Pontoise, la Hanse de Rouen prenait le relais.


 

 

 

LE LIVRE DES MÉTIERS d'Etienne Boileau.

 

Analyse par René de Lespinasse et François Bonnardot, Paris, 1879


L'apprentissage pour la fabrication des chandelles était de six ans. Tout individu arrivant à Paris, qui voulait entrer dans le métier, devait prouver qu'il avait fait ces six années. La veuve continuait à tenir les apprentis entrés du vivant de son mari.


La fabrication et la vente des chandelles était l'objet d'une surveillance scrupuleuse de la part des quatre Jurés du métier. La fraude se faisant surtout par le mélange de mauvaises graisses avec le suif, on défendait tous rapports entre Chandeliers et Regrattiers, parce que ceux-ci cherchaient à utiliser leurs résidus dans la fabrication des chandelles. L'amende de cinq sous et la perte des objets falsifiés était rigoureusement appliquée : "Fause oeuvre de chandoile de suif," dit l'article 14, " est trop domacheuse chose au pauvre et au riche, et trop vilaine. " Quand un bourgeois voulait faire faire des chandelles chez lui, le maître devait venir en personne, pour procéder à cette besogne; s'il envoyait un de ses ouvriers, il était passible de l'amende.


Chaque maître pouvait avoir deux colporteurs pour vendre ses marchandises dans la rue.
L'impôt sur l'achat du suif est indiqué d'une façon très-vague. Le suif en pot payait un denier la douzaine ; en pain, il payait une obole par pain de vingt-cinq livres, et deux deniers pour quatre pains, soit cent livres. Mais, quand le pain était d'un seul morceau, eût-il pesé mille livres, il ne payait qu'une obole.

Les cierges de cire étaient beaucoup plus réputés que les chandelles de suif : elles éclairaient mieux, brûlaient plus lentement et ne sentaient pas mauvais. Les ruches étaient le plus souvent réalisées en osier, fréquemment recouvert d'un enduit de bouse et de boue. Les abeilles se débrouillaient pour construire des rayons sur une sorte d'entrelas de branchettes. La récolte de cire et de miel sonnait la mort de la colonie et l'apiculteur, comme ici , capturait des essaims sauvages chaque année. C'est bien plus tard que les hausses et les cadres amovibles, qui permettent de ne prélever que le surplus de miel, ont été inventés.

 


© grande-boucherie.chez.tiscali.fr